On rêve de Liszt, de Rachmaninov, de fugues à 120 à la noire… On me demande :
« À quel niveau je peux jouer le 3e mouvement de la sonate du clair de lune de Beethoven ? »
« Tu crois que je pourrais attaquer la Campanella ? »
« Est-ce que je vais un jour arriver à jouer cette main gauche pleine d’arpèges rapides ? »
Et moi, je réponds souvent :
« Pourquoi ? »
Schumann et la main sacrifiée
Robert Schumann, lui aussi, voulait aller plus loin. Il voulait devenir un pianiste virtuose. Il a même utilisé une machine de son invention pour isoler certains doigts et les muscler.
Mais il s’est blessé. Gravement. À la main droite.
Et c’est cette blessure qui l’a poussé vers une autre voie. Celle de la composition. Celle de l’intériorité. Celle des œuvres bouleversantes qu’on connaît aujourd’hui.
👉 Lire la biographie de Schumann sur France Musique
Et si on changeait de rêve pour progresser au piano ?
Je crois que beaucoup de pianistes associent encore la progression à la difficulté. Mais tu sais quoi ?
La vraie progression, c’est de jouer plus vrai.
Faire chanter une mélodie simple. Respirer dans une phrase. Sentir chaque doigt se poser en douceur.
👉 Comment jouer avec nuance, au lieu de chercher la vitesse ?
Avoir envie de rejouer ce morceau, encore, parce qu’il te fait du bien.
Jouer pour briller… ou jouer pour vibrer ?
Tu n’as pas besoin d’un gant robotique. Ni de jouer comme un·e virtuose.
Tu as besoin de jouer vivant.
Et c’est ce que je t’aide à faire dans mes formations :
retrouver une liberté dans ton jeu, une fluidité, une musicalité qui ne se mesure pas en BPM, mais en frissons.
Conclusion : ralentir pour mieux sentir
Si tu t’es déjà senti(e) découragé(e) parce que tes doigts n’allaient pas « assez vite », ou parce qu’un morceau semblait « trop facile » pour mériter qu’on y consacre du temps…
Je t’invite à faire une pause.
Et à te poser cette question :
Et si c’était justement dans la simplicité que se cache la profondeur ?
Chez moi, on ne cherche pas la performance pour elle-même.
On cherche à se reconnecter à l’essentiel : le plaisir de jouer, la fluidité du geste, la beauté du son, la vérité d’une émotion.
Pas avec un gant robotique, mais avec une oreille, un regard, et une méthode humaine, chaleureuse et accessible.
Tu veux aller plus loin ?
Découvre mon accompagnement ici :
👉 Lien vers mon accompagnement piano : https://cours.1piano1blog.com/cours-de-piano-personalise
👉 Lire aussi : « La virtuosité n’est pas une fin en soi » – entretien avec Khatia Buniatishvili : https://www.concertclassic.com/article/la-virtuosite-nest-pas-une-fin-en-soi-trois-questions-khatia-buniatishvili-pianiste
👉 Et si tu explorais le flow musical ? Ce moment où le piano devient magique : https://1piano1blog.com/le-flow-musical-quand-le-piano-devient-un-moment-magique/
10 réponses
Ho que OUI!!! c’est la ou je suis rendu je crois que l’émotivité doit primée sur la technologie c’est mon opinion aussi, moi qui suis peintre c’est la même chose en peintures, très juste ton article Aurélie je te remercie beaucoup de nous l’avoir partager
Bonjour Aurélie. J’avais lu l’article du point et j’étais tombées des nues. On peut admirer les prouesses technologiques et ces instruments hyper-sophistiqués ont une utilité dans certains domaines comme par exemple la possibilité pour des personnes handicapées ou mutilées de retrouver certains gestes qui leur sont devenus impossibles à réaliser. Détourner cette technologie dans le domaine de l’art est une aberration pour ne pas dire plus. Utiliser une mécanique pour essayer d’aller plus vite ne peut que gâcher l’oeuvre jouée et la rendre déshumanisée. J’ai la même sensation lorsque certains essayent de faire de la peinture avec l’aide de l’intelligence artificielle (j’ai horreur de cette expression!) ou écrire un roman avec l’aide de cette même IA. Quid de l’âme du tableau, de l’oeuvre musicale ou du roman? Je ne crois pas que ce genre d’outil aura un avenir. Les pianistes, qu’ils soient amateurs ou professionnels ont , pour la plupart d’entre eux, suffisamment de respect pour leur instrument pour ne pas tomber dans le piège. Merci pour cet article et prenons le temps de vivre et savourer l’instant présent. « La patience a beaucoup plus de pouvoir que la force » (Plutarque).
Bonjour Aurélie,
Il ne me tente pas du tout ce gant.
Je déplore écouter des pianistes qui jouent vite, c’est un fait, mais qui transmettent peu de vibration dans leur jeu.
Je suis tout à fait d’accord avec toi.
C’est bien d’aller vite, mais pas au détriment du phrasé musical, de l’émotion transmise.
J’ai bien aimé ce qu’a exprimé Khatia Buniatishvili.
Merci pour ce thème Aurélie, bon week-end et à bientôt!
Maryse.
Ô combien d’accord avec tes réflexions sur ce sujet et les commentaires de nos amies du blog !
Peut-être que cette invention ira loin, mais elle ne me fait rêver d’aucune manière. Et pour cause, tout le temps que je passe au clavier est un bonheur permanent et que je crois éternel. Rien ne remplacera jamais l’intense plaisir, complexe mais véritablement exaltant, grisant, enivrant, jubilatoire, quasiment orgastique que de vivre le contact entre les doigts et l’instrument, les doigts qui prolongent notre cerveau, notre esprit, nos rêves, nos fantasmes !!!!
Pitié, faisons en sorte que rien ne s’interpose entre nous et notre clavier, entre l’être vivant, pleinement vivant et les sons d’un piano qui peuvent parfois atteindre sublime. Allons-nous un jour inventer une machine qui va « améliorer » une voix humaine dans un chœur, un opéra, que sais-je ?
Il en va me semble-t-il de l’instrument comme de la composition : on pourra sans doute confier TOUT à des machines complexes, l’invention de musique et l’interprétation … Et si l’on prend plaisir à écouter ces musiques, pourquoi pas ? Mais rien ne remplacera jamais j’en suis convaincu, NOTRE plaisir intense de VIVRE la musique.
Quand je parviens à jouer un morceau de Chopin ou Satie en deux ou trois ans (!) d’une manière qui me procure satisfaction et plaisir, c’est bien long et bien fastidieux certes, je n’en tire ni honte ni fierté, seulement un plaisir sans cesse renouvelé. Et ce plaisir croît à mesure que je joue mieux, que je ressens ce que je joue. Et l’improvisation est en ce sens un complément merveilleux selon moi à l’interprétation. Stakhanoviste du piano, d’accord, je suis capable de répéter le même morceau tous les jours, plusieurs fois par jour pendant trois ans, tout cela pour le plaisir !
Il vaut mieux que je m’arrête ici car je crois que je pourrais être très bavard ! Et comme d’habitude, MERCI POUR TOUT AURÉLIE !
J’apprécie beaucoup ta philosophie Aurélie. Je suis en accord total avec toi, le propre de l’humain c’est l’émotion, le ressenti, l’écoute, l’amour…
Toujours plus vite, et oui c’est ce que l’on nous demande !
Il faut performer, ce gant mécanique fait partie des inventions technologiques de notre époque qui nous déshumanisent.
Cette nouvelle me rends tellement triste.
Merci Aurélie, je suis bien contente que tu ne soit pas une IA !
Bonjour Aurélie, j’ai été très sensible à ton article qui remet l’humain au centre de la pratique pianistique et qui centre l’apprentissage du piano sur le plaisir de jouer. C’est à chacun de se fixer ses propres challenges. Il est important de rappeler que la vitesse n’est pas une fin en soi et que la sensibilité d’un morceau ne se mesure pas uniquement à sa vitesse d’exécution. Je te remercie pour cet article et les liens que tu as mis notamment la biographie de Schumann. Avec ma profonde reconnaissance pour cet article. Bien à toi, Sylvie
Bonjour Aurélie,
je suis tout à fait d’accord avec ton analyse. Le Piano est avant tout un moment intimiste entre l’instrument et soi-même. Notre époque déshumanise tout et c’est vraiment une catastrophe. La musique véhicule des émotions qui ne peuvent se transmettre à travers la robotique !
Jouer doucement n’est pas une facilité en soi, mais plutôt une difficulté supplémentaire à transmettre tout le potentiel d’une partition. J’ai lu ton article sur le flow. Je ne connaissais pas ce terme. Après avoir lu ton article, je peux te dire que pour la première fois, j’ai ressenti ce flow lors de ma dernière improvisation. C’est un moment magique que j’ai envie de revivre encore, et encore.
Merci pour toute l’aide que tu m’apportes dans ma progression musicale tant pratique que théorique
Bonjour Rose,
Merci beaucoup pour ton message, il m’a vraiment touchée
Je suis ravie que l’article sur le flow ait pu t’éclairer, et encore plus heureuse de savoir que tu as pu vivre ce moment magique pendant ton improvisation ! C’est un peu comme si le temps s’arrêtait, non ? On sent qu’on est exactement à notre place, entre les touches, dans la musique.
Continue de cultiver ces instants-là, ils sont d’une richesse incroyable! Et n’hésite pas à m’écrire si tu veux échanger sur d’autres ressentis ou expériences pianistiques, ça me ferait plaisir
À très vite et encore merci pour tes mots chaleureux,
Aurélie ✨
Excellent article, je suis tout à fait d’accord avec toi
Merci beaucoup Florence, ça me fait super plaisir que l’article t’ait plu !
C’est toujours agréable de sentir qu’on partage les mêmes ressentis autour de la musique.
À bientôt peut-être pour d’autres échanges pianistiques ! ✨
Aurélie